Les montagnes russes

Après les heures interminables à suer dans les cotes pour se hisser jusqu'à Ooty, on est assez excités par la route pour en redescendre... Nos mollets ont une mauvaise surprise quand ils découvrent que ce sont de véritables montagnes russes qui les attendent! Pendant 3 jours, après chaque longue descente où on pense « aaahhh, cette fois, c'est la bonne! », une p... de remontée nous attend!

 

Mais la bonne surprise, elle, est pour nos yeux et nos oreilles! On enchaîne les virages sur de petites routes calmes entourées de montagnes où s'étendent à perte de vue des plantations de thé, parfois proprement alignées, souvent éparpillées dans un charmant désordre. On ne pensait pas qu'il existait autant de nuances de vert...

 

Un soir, on s'enfonce dans le décor pour y passer la nuit, entre quelques buissons de thé. On va être bien là... au milieu de nulle part! Ah, mais tiens, voilà quelques jeunes hommes! Probablement des cueilleurs de thé qui terminent leur journée de travail et vont rentrer chez eux à quelques kilomètres de là? En nous voyant planter la tente, ils secouent la tête: « vous ne pouvez pas dormir là... il y a des tigres! Venez plutôt dormir dans le village, c'est juste un peu plus bas ». Ah bon? Il y a un village ici? « Oh, vous êtes gentils, mais on a vraiment envie de camper... et puis ce n'est pas la première fois qu'on nous promet de grosses bestioles, et à ce jour, on n'a pas vu grand chose! » Mais voilà que débarquent une quinzaine d'enfants, qui à leur tour nous observent, visitent la tente, jouent autour de nous et rigolent. Puis ce sont des femmes de tous les âges qui se joignent à la joyeuse troupe et insistent elles aussi pour qu'on viennent dans le village. Elles font plein de signes, de grimaces, de mimes... Aaahh! Il peut y avoir des éléphants aussi! Bon allez, on va arrêter de se faire prier, on démonte la tente et on les suit! On découvre effectivement un tout petit village, caché derrière quelques arbres. On nous déblaye un petit coin pour notre tente, en nous rassurant « ici, pas de danger! No tension! ». Le soir, on fait le tour des maisons... on comprend qu'on est au cœur d'une de ces tribus installées au cœur des montagnes des Nilgiris depuis des siècles. Nomades à l'époque, ils se sédentarisent peu à peu et vivent maintenant dans ces maisons sommaires construites par le gouvernement. Ils ne parlent ni hindi ni tamoul, mais un langage qui leur est propre.

 

La suite de la route est renversante, et épuisante. Des kilomètres de jungle nous accompagnent - eucalyptus, arbres à caoutchouc, cocotiers, bananiers, lianes qui serpentent entre les arbres – et on entend les cris des singes et des chants d'oiseaux inconnus. On sort de la réserve naturelle de Mudumalai et les villes et villages deviennent plus fréquents mais toujours vierges de touristes et de grands hôtels. La route est bordées d'églises de la Sainte Rédemption ou de Saint-Jean-Pierre de l'Assomption. La chaleur humide de la côte se fait sentir et Julien peut en profiter pleinement lorsqu'il doit réparer une crevaison à 5 kilomètres de Kannur, notre destination.

 

On regarde la carte et on est contents de la boucle qu'on vient de faire à vélo - tous ces gens, tous ces paysages, ces montagnes et ces plaines, ces feuilles de bananiers recouvertes d'une montagne de riz et ce thé toujours couleur de caramel.