Au pays du vin, du saucisson, et de la Kro...

Echauffement

Le moral est bon, malgré la trilogie des crevaisons de Pierre, mais je n'ai pas digéré le paquet de frites, le bicky, et la Chimay de minuit et demi.

Nous voilà lancés sur les routes du parc de l'Avesnois jusqu'à Fontaine-les-Vervins, là où Stef s'est écorché les genoux toute son enfance (en allant mater les scouts sous la douche), mais mon estomac ne suit toujours pas.

 

Trop chargés, et jaloux des deux tandemistes (Alexis et Virginia) qui filent comme le vent dans les côtes, on peut dire qu'on en a chié! De drôles d'idées me passent par la tête sur mon vélo ; "est-ce que je n'aurais pas oublié ma brosse à dents", "dans quoi je me suis embarqué!", ou encore "pourquoi ai-je pris ce cubi de 3 litres de vin dans mes sacoches???"

 

On ne se rendait pas encore compte qu'on partait pour longtemps, mais c'est en quittant les derniers copains qui s'étaient accrochés à nous que tous les au revoir des dernières semaines ont ressurgi... et les larmes sont montées. C'est étrange de se dire qu'on ne se fera plus de soirées entre potes pendant un bon moment...

 

A la Ferté-Milon, on a goûte à l'hospitalité réservée aux cyclotouristes.

Exemple :

- Vous venez d'où comme ça?

- De Bruxelles...

- Ah... Et vous comptez aller jusqu'où avec tout votre bazar?

- En Inde...

- Ah......... c'est un projet audacieux ............................. vous boirez bien un coup?!

 

Et pour nous ça a fini au petit-déj avec les croissants offerts par M. et Mme Valadon dans leur immense propriété!

 

La route vers Paris a été rapide et la barre des 400 kilomètres franchie en arrivant à Montgeron. Malgré mon dérailleur cassé, on succombe aux paysages de l'Aisne et de la Seine-et-Marne (sauf à ceux de Meaux...), et on se faufile jusqu'à Paris le long du canal de l'Ourcq (ça paraît rapide comme ça mais en fait c'était très long!). A certains moments on se dit qu'on serait capables de passer plusieurs mois en France, et de se sentir déjà bien dépaysés!

 

Des photos? 'y en a plein !

 

J.

Les paysages défilent...

Nous avons parcouru environ 600 kilomètres depuis Paris et traversé 6 départements, entre Essonne et Seine et Marne, Yonne et Côte d'Or, Saône et Loire et Rhône.

 

C'est fou comme on peut être déconnectés de la réalité lorsqu'on voyage. Même après 2 semaines, on s'habitue à se réveiller tous les jours dans un endroit différent, avec un soupçon de surprise lorsqu'on sort la tête de la tente.

Le rythme de croisière s'installe rapidement aussi. On enchaîne les jours assez facilement, avec des étapes entre 60 et 100 kilomètres.

 

La Bourgogne nous réserve de beaux moments. Le beau temps nous suit, un léger vent s'est annoncé, et les rapaces sont de sortie. Les buses et les milans royaux se plaisent à plâner et à guetter leurs proies au dessus des prairies de l'Auxois. De Chablis à Fontette (Côte d'Or), les zones d'élevage extensif et les terres en jachère semblent être leurs lieux de chasse favoris.

C'est en Bourgogne que nous avons pu goûter à l'accueil bourguignon. Julia nous a ouvert sa porte en grand à Fontette, et nous a fait profiter de ses petits plats, de son goût pour le bonne bouffe, et de son rire si reconnaissable (pour ceux qui le connaissent). Avec Julia, nous avons eu droit à une dégustation de vins, à Concoeur et Corboin. Chantal Olivier nous a présenté de façon plus qu'agréable les grands noms de la régions, vinifiés avec soin par son fiston Manu. Nos papilles se baladent entre Hautes Côtes de Nuits, Pommard, Aloxe Corton, Vosne Romanée, Meursault, et on découvre la jambe, la robe, le minéral, le bois, le plaisir du bon vin.

 

La Bourgogne sous le signe de la vigne, à Chablis, Nuits-Saint-Georges, Beaune... Les feuilles jaunissent malgré l'automne qui tarde à arriver, et la Côte d'Or prend tout son sens.

 

Dans Côte d'Or, il y a "Côte", et le département porte bien son nom. Les côtes se raidissent  vers le Maconnais et dans le haut Beaujolais, non sans une larme. Notre premier col est grimpé sous la pluie : col du Fût d'Avenas, 764m... (pour ceux qui aiment les contrepéteries). La redescente est par contre un immense plaisir, sur une vingtaine de kilomètres pour arriver dans la plaine de la Saône.

 

Nous profitons depuis hier soir du bel accueil d'Anaïs à Lyon, malheureusement pour nous la pluie ne s'arrête pas de tomber depuis ce matin.

 

Demain nous partons vers le grand Sud, avec en tête des étapes familiales, gastronomiques, natures, ...

 

 

Le nez qui coule et le vent dans le dos

La sortie de Lyon a été affreuse, entre la pluie, les voitures et les voies sans issue. En bon cycliste, tu suis le Rhône pour sortir de la ville, tranquille, et tu butes sur des travaux, des impasses, tu te perds, tu te retrouves à ton point de départ, tu mets une heure et demi pour sortir de cette foutue ville, tu as le nez qui coule et les chaussettes mouillées, et tu la détestes la ville. (Enfin, à part ça on adore Lyon hein...)

 

Comme presque tous les matins, on sort le nez de la tente, on regarde vers la vallée, et cette maudite chanson nous revient en tête ; "Dans la vallée, oh oh, de Dana, dadilalala ..." On a honte, mais on ne peut pas s'en empêcher. Même effet avec le vent qui "souffle sur les plaines..."

 

Les paysages monotones de L'Isère et du Nord de la Drôme se dessinent, en vallées grises et répétitives, mais le massif du Vercors commence à se dessiner sur notre gauche, et attire inexorablement notre regard. Les collines recouvertes de forêts encore vertes sont dominées par les crêts calcaires si caractéristiques du Vercors. J'ai terriblement envie d'aller m'aventurer par là et j'imagine le calme des montagnes, loin des routes fréquentées, mais je sais que ma compagne de voyage m'en voudrait beaucoup si j'ajoutais du dénivelé positif à notre parcours. Je viens de commencer à lire le "Journal d'un berger nomade" de Pascal Wick (que je conseille vivement d'ailleurs), et les descriptions des massifs du Vercors et du Diois font rêver et voyager.

La Drôme s'embellit en allant vers le Sud. A Dieulefit, Julie nous accueille dans cette belle région, où elle a élu domicile pour un an de formation en céramique.

Ca sent le Sud, les forêts de pins et de chènes verts, les champs de lavande, le Soleil, l'accent qui fait penser aux vacances, le 51, les glaçons, les apéros, et le Mistral...

En descendant dans la vallée du Rhône, la vigne s'étend à perte de vue, Côtes du Rhône obligent...

 

Le vent s'est levé ces derniers jours et nous pousse vers le Sud. 80 km/h dans le dos, on se croirait sur des vélos électriques.

 

A partir de maintenant, les jours de pause vont se multiplier dans les familles et chez les amis, entre Pernes-les-Fontaines, Avignon, Montpellier, la Garde Freinet, Cannes et Mougins. Bref, on profite encore un peu de la France avant d'aller vers l'inconnu et au delà...

On dirait le Sud...

Le Sud de la France est plein de bonnes choses : la tapenade, le pastis, la mer, le soleil, et aussi la famille et les copains!

C'est comme ça que nous avons pu profiter :

  • d'Avignon et de son mistral chez Aline et Gilles

  • de la plage des Aresquiers, des sushis maison et du quizz des pédales chez Fred, Sand et Arthur à Montpellier

  • de la visite guidée de Marseille chez Cyril

  • du grand confort du quartier Saint-Clément à la Garde-Freinet chez maman Sylvie et le doc Billaut – Bravo d'ailleurs à la mama qui a roulé avec nous 30 kms (60 aller-retour!)

  • Du dîner presque parfait chez Mathieu à Mandelieu – Mathieu qui a d'ailleurs roulé 50 kilomètres avec nous jusqu'à Nice (nous ne parlerons pas de son retour)!

 

C'est aussi dans le Sud que nous avons fait notre première rencontre cyclotouristique. Nous avons eu le plaisir de croiser Leïla et Sarah à Cassis qui sont parties pour un tour d'Europe d'environ 10 mois. Ca nous a fait un bien fou de rouler avec elles, de partager, de boire un coup, de camper, et de jouer au jungle speed (comme quoi ça sert d'emmener des jeux!). On espère pouvoir les recroiser un de ces quatre au détour d'un col à 3000 mètres ou dans une auberge turque.

 

La côte d'Azur est magnifique si on arrive à faire abstraction des constructions. Les alpes plongent dans la mer et offrent des points de vue vertigineux sur la grande bleue. Malheureusement, l'urbanisation a fait des ravages. A Monaco, on se perd entre les immeubles de 40 étages, les grosses bagnoles et l'enchevêtrement de routes. Il n'y a plus de place, mais ça se construit encore.

Vite! Il faut s'échapper de là.

 

Avec ce maudit changement d'heure on se retrouve vite piégés par la nuit. A partir de maintenant, à 17h, on devra se mettre en quête d'un lieu de camp. Notre dernier camp en France sera Menton, au bord de l'eau, sur des rochers aux formes bizarroïdes.

Demain c'est l'Italie, et on angoisse un peu. Le voyage commence vraiment et ça fait un peu peur. C'est comme si on prenait l'avion pour partir loin, mais sans savoir exactement où on va atterrir, ni où on va faire escale.